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Photo du rédacteurKevin Bonneville

Coude à Coude avec Louis-José Houde




Qui n’aime pas rire? Heureusement que, comme pour la littérature, il y a de l’humour pour tous les goûts. Et comme dans la littérature, parfois, les goûts et envies changent. Plusieurs des humoristes que j’admirais il y a une époque ne sont plus dans mon top 10 aujourd’hui. Mon vécu, mes tolérances et surtout mon ouverture d’esprit ont fait en sorte de changer mes champs d’intérêt. Pareil pour les films et les séries télé, mis à part quelques exceptions, ces tops 10 a aussi changé, mais il est plus varié. Je ne dis pas que ceux qui ne changent pas sont dans l’erreur. Grands biens leur fasse s’ils se sentent toujours aussi près de leur réconfort d’autrefois. D’ailleurs, le mot ‘’réconfort’’ est bien choisi pour ce que j’ai à partager. 

 

Parmi la variété d’humoristes qu’il y a dans la belle province, il y en a un qui restera toujours au top de mes préférés (bien que je ne sois pas à l’abri d’un changement d’idée) et comme vous avez lu le titre, vous savez qu’il s’agit de monsieur Louis-José Houde.

 

Deuxième enfant et seul garçon de la famille, Louis-José est natif de la ville de Saint-Apollinaire, il sort de l’école nationale de l’humour en 1998. Il fait son petit bout de chemin en apparaissant comme chroniqueur à la télé et à la radio CKOI. Depuis son premier spectacle en 2002, son nom reste dans les mémoires, car il apparaît dans des séries télévisées et dans de nombreux films sur lesquels il apparait sur les affiches. Je sais que je ne vous apprends pas grand-chose, mais je tenais quand même à résumer son parcours.

 

Lorsqu’il apparaissait à la télévision, je le regardais. Même chose pour ses moments à la radio. Notez bien que le seul personnage qu’il a interprété, sans jamais le sortir sur scène, me fait encore toujours rire. Ma sœur et moi écoutions Dollaraclip presque religieusement. À cette époque, cet humoriste ne se trouvait pas encore sur le piédestal sur lequel il se trouve en ce moment. La première fois que j’ai vu l’un de ses spectacles fut en début 2009. Ma copine de l’époque nous avait offert une paire de billets pour son deuxième one-man-show ‘’Suivre la parade’’.

Il faut savoir qu’en 2009 j’avais 25 ans et je vivais une période de questionnement, de mise en doute et je n’arrivais pas à trouver une raison de remonter à la surface. Que ce spectacle m’a fait du bien. La fin du show ‘Suivre la parade’’ m’a énormément touché. De savoir qu’un homme populaire, idolâtré et pour qui toutes les portes s’ouvrent pouvait vivre et parler d’une période pénible de sa vie. Ça a remis ma dernière année en perspective. Déjà la première phrase du spectacle ‘’La vie change trop vite. Mon grand-père a eu mon père à 20 ans. Mon père m’a eu à 25 ans. Moi, je viens d’avoir 30 ans et hier soir… j’ai loué Spiderman’’ m’a permis de me reconnaitre dans ce propos.

Je ne me trouvais pas à la hauteur de la vie. Je ne connaissais que des projets, mais aucun accomplissement. Entendre de la bouche de Louis-José que la vie change et qu’à 30 ans on agit encore comme des gamins (du moins, c’est un peu ce que j’ai compris) m’a un peu remonté le moral; j’ai compris que je pouvais me donner au moins cinq ans pour ‘’agir en adulte’’ et accomplir quelque chose de concret pour moi. Je retournais à mon appartement le cœur beaucoup plus léger en sachant que je ne suis pas le seul à ne pas suivre la parade.

 

La semaine suivante, je me suis procuré en DVD son premier spectacle. Je me suis reconnu dans plusieurs de ses anecdotes, notamment les premières fois à l’école secondaire. Je le suivais le plus possible à l’animation des Galas Adisc. Animation qu’il faisait de main de maître d’ailleurs; toutes les critiques peuvent vous le dire.

 

Le spectacle ‘’Les heures verticales’’ arrive sur scène. Encore une fois, je souris en me disant que j’aurai pu moi-même écrire les textes. Dans le sens que j’ai l’impression que Louis-José et moi avons vécu les mêmes événements, dans les mêmes émotions. 

‘’Les heures verticales'', c’est le temps où l’être humain est debout, à partir du jour où il a appris à marcher, mais aussi dans les moments où il doit se tenir droit devant ou dans l’adversité́’’. Je sais que ça rejoint tout le monde, mais comme j’ai écouté son spectacle en balado, j’ai eu l’impression qu’il se confiait qu’à moi. Je lui répondais dans le vide des ‘’Oh, tellement! ’’, ‘’Damn Right, bro’’ et des ‘’Oui, moi aussi je sais c’est quoi.''

Son numéro de la fin ‘’Tu l’aimes encore’’ est juste fabuleux. En gros, si les défauts de sa partenaire te charment beaucoup plus que ses qualités… Tu l’aimes encore. Et oui, ma copine, je l’aime encore.

 

‘’Préfère novembre’’ sort la veille de ma fête, en novembre. Avec une accroche comme : ‘’Avec son quatrième spectacle en carrière, Louis-José prend position: oui, il l’avoue, il se qualifie de lent, à contresens de son époque où l’instantanéité est valorisée, justifiant ainsi son affection pour ce mois sous-estimé et mal-aimé’’ je ne pouvais simplement pas passer à côté. Seul dans mon salon, confortablement assis dans mon siège de lecture, je souris et je verse des larmes, les yeux fermés, pour ce spectacle qui, encore une fois, me fait penser à mes pensées et angoisses personnelles. Je me trouve lent aussi et vraiment à contresens de mon époque. Faisant écho aux événements et épreuves de ma vie, dans le même ordre que l’ordre de ses one-man-show. À croire que nous sommes jumeaux cosmiques ou je ne sais quoi d’autre. (OK… c’est un peu quétaine ça)

Fidèle à lui-même, Louis-José fesse fort avec son numéro de fin. ‘’La mère monoparentale’’. L’humoriste avait 40 ans à l’époque de l’écriture de son spectacle. Ce qu’il décrit dans ce numéro, je l’ai vécu de mes 30 ans jusqu’à mes 38 ans environs. Non, la mère monoparentale n’a pas de temps à perdre et souvent, il faut s’accrocher pour bien suivre le rythme. Un autre tour dans des années passées dans lesquelles je me trouvais, malgré mon entourage, bien seul. Du moins, je le croyais. Ça m’a fait du bien.

 

‘’Milles mauvais choix''. Le cinquième spectacle de Louis-José Houde est un récit personnel, un petit traité sur les déceptions, les égarements et les choix au cœur de la vie atypique d’un privilégié. Le show ouvre sur sa récente peine d’amour; un sujet qu’il arrive à étirer sans se répéter. Louis-José a le don de toujours virer en comédie les moments dramatiques comme celui-là. Une écriture fine. Je ne sais pas si, des mauvais choix, j’en ai fait mille, mais j’en ai fait et j’ai assumé les conséquences et j’ai souffert amplement aussi. Comme on dit, on apprend de nos erreurs et grands dieux que j’ai appris. Durant son histoire, j’envoyais mentalement à l’humoriste des tapes dans le dos et des thumps up. Heureusement, j’ai su lors de sa dernière animation du gala de l’ADISC qu’il a pu remonter la pente et retrouver l’amour. Sa sensibilité s’est montrée lors de ce même gala quand, au début, il dédie ce gala à Karl Tremblay resté à la maison parce qu’il était trop malade.

Quel geste gentleman.

 

Je sais aussi que Louis-José est maintenant papa. Son prochain spectacle en parlera sans doute. N’étant pas père, saurais-je me reconnaitre comme je me suis reconnu avant? Peut-être que mes longues années de mentorat envers mon petit frère de neuf ans mon benjamin sauront le faire? Seul l’avenir me le dira.

En attendant, je continue d’écouter ses spectacles comme si je marchais à ses côtés, comprenant ses sentiments parce que je les ai déjà vécus. Comme nous marchons dans les pas de l’autre, comme deux personnes, coude à coude.

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