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Photo du rédacteurKevin Bonneville

Une idée folle, d'avoir inventer l'école ? Hommage à ma prof

Dernière mise à jour : 22 sept.



Il y a quelques mois, une mobilisation a eu lieu à travers la province de Québec. Une mobilisation rassemblant les employés du service hospitalier et les enseignants, enseignantes du Québec pour de meilleures conditions de travail et surtout une meilleure reconnaissance de la part des élus. En tant qu’employé d’un hôpital, je me suis retrouvé dans le conflit. Je vais taire mon opinion, ce n’est pas le sujet. Cependant, je dois avouer que je pensais surtout aux professeurs. Quel métier d’une importance capitale, mais trop sous-estimé. 

Par ce fait, Je pensais à l’humoriste Pierre Hébert. Bien que je le trouve très à l’aise et à sa place à son poste d’animateur d’émission mettant en vedette de jeunes enfants, il est loin d’être mon humoriste préféré. Je pensais à lui parce qu’il milite pour la cause des professeurs. Il en parle énormément (peut-être trop?) parce que sa compagne est elle-même professeure. Je le trouvais autant objectif que moi-même disant que Louis-José Houde est le meilleur humoriste du monde parce qu’il est mon préféré. 

Je réfléchissais à ça tout en brandissant une pancarte écrite par un des membres du syndicat décrivant le manque d’écoute du ministre de la Santé et BOOM!, un souvenir de loin me revient en mémoire. Ça m’a fait revenir sur mon opinion; finalement, Pierre Hébert a bien raison et il est légitime de militer pour les profs qu’il soit en couple avec une enseignante ou non. Parce que, moi aussi, j’ai eu une professeure qui a été importante dans ma vie, qui a allumé une flamme en moi qui brûle toujours vingt-cinq ans plus tard.

 

Mon début de secondaire s’est déroulé à Terrebonne, à l’école Trois-Saisons. Bien que j’avais des amis et que je trouvais un certain plaisir à m’y rendre, je restais tout de même un jeune adolescent introverti qui assumait mal son allure qui ne ressemblait à rien ni sa chevelure frisée et surtout d’être ‘’l’ami de’’, comme si je ne valais pas la peine d’être une entité propre sans pouvoir être identifié sans une autre personne. Mon plaisir de me rendre à l’école se résumait à certains cours donnés par des professeurs passionnés. Il y avait Joan (Johanne), elle était drôle et parlait le même langage que nous. Benoît le professeur de biologie qui nous parlait comme si on était des adultes; qu’il n’avait pas peur de nous dire les vrais mots lorsqu’on étudiait le corps humain. Il y avait aussi Maryse, la prof de science-physique qui… à part nous avoir captivé sa passion de l’enseignement… heu,... disons simplement que la génétique est bien faite… Vous avez compris.

Tout ça est bien beau, mais mon souvenir le plus précieux restera toujours mon cours de français et surtout celle qui le donnait : Josée.

 

Josée, ma professeure de français en secondaire 3. À mon souvenir, elle enseignait depuis peu. Sa joie de vivre, avec son bonheur d’exercer ce qu’elle considérait le plus beau métier du monde et surtout son écoute et sa sympathie faisaient que j’avais hâte au prochain cours. Les conversations avec nous variaient du subjonctif présent jusqu’au deuxième film de la série Les Boys qui venait de prendre l’affiche. Oui, je suis vieux comme ça.


J’ouvre une parenthèse. 

Pendant qu’on discutait de nos meilleures répliques du film ''Les Boys'' premier du nom, elle nous confiait qu’elle n’avait pas du tout aimé. Évidemment, elle prit le temps de nous expliquer pourquoi et je dois avouer qu’objectivement ses raisons sont plutôt bonnes. J’en ai presque changé d’avis sur mon appréciation du film. 

Je ferme la parenthèse.


Un jour d’école, je rêvassais tranquillement en fixant mon cahier de français lorsque Josée nous annonce qu’elle fait des changements dans sa classe. Ça m’importait peu, je n’avais pas d’amis dans ce cours. Je retournais donc à ma rêvasserie. Une rêverie dont ma prof me sortit après avoir nommé mon nom trois fois. Voilà que j’apprends que je dois déménager mes effets personnels sur le bureau près du sien. Apparemment, elle trouvait que je n’étais pas assez attentif et que mes notes pourraient être meilleures donc, cette place devrait régler le problème… Qui suis-je pour la contredire? Elle eu raison sur un point, je rêvais beaucoup moins, mais mes notes n’augmentaient pas. Josée avait beau m’interroger sur mes possibles problèmes personnels et sur ma vie de famille pour tenter de comprendre, introvertie comme j’étais, je répondais que tout allait bien. Elle n’avait pas insisté.

L’instant marquant et important s’était passé un après-midi de fin d’hiver (il me semble que c’était à cette période). Elle nous avait introduits à l’écriture. Elle nous demandait d’écrire une petite histoire d’environ 50 mots; ce qui était un véritable calvaire pour le ¾ des élèves, dont moi-même. Je ne trouvais rien à raconter et quand bien même une idée me serait venue en tête, je ne saurais pas par où commencer. Comme vous avez compris, je n’écrivais pas encore et je lisais encore moins. Me voyant galérer, elle tente de m’aider. “Tu dessines, non? Alors, raconte-moi par écrit l’histoire d’un des personnages que t’as créés”, que ma professeure me lance avec un beau sourire. Je ne lui avais rien dit, mais à l’époque je croyais qu’écrire (dessiner) une bande-dessinée et une nouvelle ou un roman c’était extrêmement différent. Je m’y remettais donc un peu à contrecœur. Je ne voulais surtout pas la décevoir, elle, qui ne voulait que mon bien.

Je pose la mine de mon crayon sur mon papier et je commence un semblant de phrase avant de la rayer et de recommencer juste en dessous. Un blocage me pogne. Josée jette des regards en ma direction avec un sourire réconfortant. Encore une fois, je n’ai pas envie de la décevoir; je raye la nouvelle phrase et j’en recommence une autre. Bien que je savais que je ne perdrais pas de point en commençant par ‘’il était une fois’’, j’avais envie d’être plus original. Je commence un dialogue entre les deux personnages, deux frères. Pour ceux m’ayant déjà rencontré, il s’agit des deux personnages qui sont tatoués sur mon avant-bras. 

Bref, je ponds une petite histoire un peu compréhensible, qui commençait en plein milieu, mais apparemment ça ne gênait pas la compréhension de Josée.

— T’aimes beaucoup les films, toi.

Je croyais à l’époque qu’il s’agissait d’une question. À croire que mon écriture était déjà cinématographique; du moins, c’est ce que j’en comprends quand j’y repense. Je lui avoue que j’adore le septième art et que je veux en faire un métier. J’ai ressenti un sourire sincère lorsqu’elle m’écoutait lui dire pourquoi j’ai choisi la mise en scène. Par la suite, elle m’encouragea à terminer ma production écrite.

Plus tard dans l’année, le plan de cours exigeait qu’on travaille les poèmes. J’ai appris les vers, les strophes, les quatrains, les quintils, etc. J’ai surtout appris que l’écriture pouvait être une manière de s’exprimer intéressante. Et le plus beau là-dedans, c’est que Josée voulait lire mes poèmes. Je sais que sa profession l’oblige à le faire, mais pour ma part, elle voulait les lire avant que les autres ne remettent leur travail. Elle fut donc ma première lectrice, celle qui demandait de lire mon prochain écrit. Dire que ça m’a pris vingt ans pour réaliser que j’avais quelque chose à faire avec l’écriture.

      

Qui sait ce que je ferai aujourd’hui si je n’avais pas eu ces encouragements à l’époque? À moins d’avoir une Delorean et de créer une rupture du continuum espace-temps, on ne peut pas le savoir. Donc je vais me considérer privilégié d’avoir eu une personne comme Josée pour me faire découvrir l’art de l’écriture en m’encourageant comme elle l’a fait. Je profite du sujet pour remercier un autre professeur que j’ai eu. Celui-là, en nous laissant le libre choix sur le livre pour la lecture obligatoire, il a fait pousser la passion de la lecture en moi. Avoir une lecture imposée peut rendre l’expérience pénible. Choisir un livre qui nous intéresse nous fait découvrir un monde imaginaire qui peut rendre accro.

 

Pour résumer, non, Pierre Hébert ne gosse pas avec ses propos sur les enseignants. Non, il ne fait pas son téteux; et non, les professeurs n’en demandent pas trop. Oui, les profs peuvent changer des vies. Les professeurs peuvent en sauver juste en prêtant l’oreille. Les professeurs ne jugent pas et ont une patience d’ange et pourtant, ils sont pris pour acquis. Si je devais retourner manifester à nouveau pour que les enseignants aient de meilleures conditions de travail, compter sur moi.


Avant de partir, je vous laisse avec une merveilleuse chanson qui décrit l'impact que Josée a eu dans ma vie. Le chanteur québécois Alexandre Poulin, un ancien professeur devenu chanteur. Sa chanson ''L'écrivain'' est le premier titre que j'ai entendu de lui. Vraiment, Wow comme chanson. Merci à Keith, de m'avoir fait découvrir cette pièce.




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