Je flotte depuis un petit moment. Je ne sais pas plus où je vais, mais au moins, je ne me sens plus couler. De temps à autre, j’utilise mes mains en guise de rame pour me rapprocher du rivage. Malheureusement, je me fatigue rapidement. Alors je m’étends sur ma bouée et j’observe le ciel.
Je donne de petits coups dans l’eau pour m’approcher de la terre ferme. Je crois que le courant va dans la bonne direction; ça m’encourage. Soudainement, une vague arrivant dans le sens contraire frappe ma bouée. Le choc que je subis est plus violent que je ne m’y attendais. Je m’agrippe le plus fort que je peux. Je me sens chavirer, mais une autre vague venant d’en arrière vient stabiliser le tout. Dieu merci!
Et puis, comme par magie, la mer redevient calme. Par contre, je suis essoufflé. Ça me prend un moment avant de retrouver mon air. Malgré tout, je finis toujours par me sentir assez fort pour pagayer par moment, en attendant la prochaine petite tempête. Au moins, je ne coule pas.
Tout en espérant que le courant m’aide à retrouver la terre ferme, je réfléchis à mes dernières années.
Pour le reste de ce texte, je suis obligé d’avouer que je me suis pris par quatre fois pour l’écrire. Pas parce que j’ai honte de ces dernières années, c’est que je ne trouve aucune bonne façon d’exprimer comment je me sens sans partir dans mille et une directions. Longtemps je me suis trouvé dans un cercle vicieux. Un CRISS de cercle vicieux. La meilleure façon de vous le dire c’est par les mots de Raphaël Zaoui et sa chanson « ’5 à 7’’.
Tout est cassé dans mon corps
J’ai mal à m’en brûler la tête
J’ai dansé jusqu’à l’aurore
J’ai encore trop fait la fête
Je veux baisser tous les stores
Ramasser mon cerveau en miettes
Mes yeux me jouent encore des sorts
Je veux que tout ça s’arrête
Toujours le même manège dans ma tête
J’me fais du mal et j’regrette
Puis je retourne dans la fête
Toujours les mêmes démons dans mes yeux
Cachet rose coupé en deux
Puis je replonge dans le feu
J’ai perdu plus d’un ressort
Dans le sexe* et sa tempête
Le visage à demi mort
Je supplie encore la fête
Si la nuit t’a jeté dehors
Rendez-vous de cinq à sept
En after dans Paris Nord
J’y jouerai mon dernier set
Toujours le même manège dans ma tête
J’me fais du mal et j’regrette
Puis je retourne dans la fête
Toujours les mêmes démons dans mes yeux
Cachet rose coupé en deux
Puis je replonge dans le feu
Tout est tracé dans mon ciel
Même mes anges ont baissé les bras
Ils m’ont vue me brûler les ailes
Tous les soirs dans le pire des états
Condamné au dernier duel
Le seul vrai rival c’est moi
Je pourrais jouer cent fois la belle
Mais jamais gagner comme ça
Toujours le même manège dans ma tête
J’me fais du mal et j’regrette
Puis je retourne dans la fête
Toujours les mêmes démons dans mes yeux
Cachet rose coupé en deux
Puis je replonge dans le feu
Tout est cassé dans mon corps
J’ai mal à m’en brûler la tête
J’ai dansé jusqu’à l’aurore
J’ai encore trop fait la fête
Je veux baisser tous les stores
Ramasser mon cerveau en miettes
Mes yeux me jouent encore des sorts
Je veux que tout ça s’arrête
*le mot original dans la chanson est “’la drogue”’. Je voulais préciser quelle drogue me contrôlait
Je me croyais à ma place, je me croyais heureux. Après tout, qui n’aimerait pas garnir son CV affectif de différente expérience? Qui n’aimerait pas fêter sans lendemain, car l’envie et les occasions sont là? Quand ça fait sentir vivant? Surtout que j’en ai rêvé depuis le début de mon adolescence. À la longue, les premiers ébats se fanent, je m’en fatiguais. Alors j’essayais d’autres sensations jamais vues ni vécues qui m’amenaient de nouvelles fréquentations. Au bout d’un moment, je me raisonnais et je redevenais sage. Mais la sagesse et la routine finissaient toujours par m’endormir. La motivation me fuyait, mes questionnements me rattrapaient. Ayant peur de mourir à petit feu, je recommençais la boucle infernale avec toujours un cran de plus fort qu’auparavant. Le cercle se trouvait à être une spirale en fin de compte.
Ai-je atteint le bout? Suis-je au milieu de cette spirale ou le cercle recommence-t-il? Pendant que je flotte sur l’eau, je laisse le courant m’approcher de la rive. Je profite de la magnifique vue du ciel étoilé pour bien me poser la question. Malheureusement, ce n’est pas aussi simple. J’arrive à la conclusion, la meilleure, que je dois briser le moule dans lequel je suis depuis plus de 15 ans. Après quoi? Qu’est-ce qui se passe? Que dois-je faire? Qu’est-ce qui m’attend? J’avoue que ça me fait un peu peur.
À suivre, j’imagine.
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